Pour que l’entreprise fasse « Tilt » auprès des enfants

Trends, Janvier 2019, en ligne sur http://actions.trends.levif.be/actions/trends/publicsector/archive/2019-01/sourcedinspiration.jsp

Grâce à son projet Tilt’ qui permet à des écoliers de découvrir le monde de l’entreprise à grands renforts de «waouh» et de «beurk», l’ASBL belge Choq a brillé, fin novembre, au prix de l’Innovation pédagogique de Paris en décrochant le coup de cœur du public.

Lancé il y a six ans par l’ASBL Choq, basée à Tournai, le projet Tilt’ offre aux écoliers du Hainaut occidental l’opportunité de se frotter concrètement au monde de l’entreprise en recourant à la pédagogie de l’étonnement. Une quinzaine de classes de cinquième primaire ont récemment visité autant d’entreprises. Sur place, dans un premier temps, les élèves doivent décelerles atouts de l’entreprise etles points à améliorer. De retour à l’école, les enfants réfléchissent et formulent des recommandations afin d’améliorer son fonctionnement. Un comité de pilotage sélectionne ensuite, parmi les propositions, les idées réalisables qui seront misent en place. Dans une seconde phase, des étudiants dusecondaire ou du supérieur prennent le relais et réalisent l’idée des enfants. L’ensemble du processus s’étale sur deux ans afinde laisserle temps aux entreprises de mettre en place l’innovation et permettre aux élèves de voir la réalisation concrète de leur idée. Pour concevoir ce projet, le Choq a réuni un maximum d’acteurs autour d’une même table. «Au sein du comité de pilotage, il y a des chefs d’entreprise, des pédagogues, différents secteurs du monde de l’enseignement, etc. On a vraiment rassemblé, sur base bénévole, des personnalités issues de tous horizons », détaille Hassan Rhazi, chargé de projets.

Une valise pédagogique

La démarche a abouti cette année à l’élaboration d’une valise pédagogique. « Il s’agit d’un ensemble d’outils, mis au point par des pédagogues, qui permettent aux enfants de développer leurs capacités à communiquer entre eux, explique Hassan Rhazi. Il y a des petits carnets quirappellent la pédagogie du projet, expliquent comment faire des brainstormings. La valise comporte également des cartes «Waouh !» et «Beurk !» que les enfants peuvent attribuer aux différentes facettes d’une entreprise. Il y a une véritable recherche scientifique derrière ce projet. »

Le projet ambitionne également de bâtir des ponts entre le monde de l’entreprise et celui de l’école, de faire découvrir aux enfantsles applications concrètes des matières parfois abstraites qu’ils étudient en classe.

Mais les entreprises doivent jouer le jeu. Le Choq insiste pour que tout soit montré aux enfants, du fournisseur au bureau du directeur, et pas seulement les aspects qui arrangent la firme. Les enfants doivent également pouvoir poser des questions aux travailleurs, ce qui participe à valoriser leur travail et à casser certains clichés. Et les enfants adorent cela ! « Il y a clairement beaucoup de cartes Waouh ! qui sont brandies, confirme Hassan Rhazi. Les enfants sont impressionnés, c’est un monde qu’ils ne connaissent pas du tout. »

Pas professionnel ? Beurk

Et leur spontanéité est parfois surprenante. « Lors d’une visite chez le torréfacteur Storme, les enfants ont repéré un ‘Beurk !’ au niveau de la dégustation qui se déroulait sur un coin de table dans le bureau du directeur et un des élèves a déclaré que ça ne faisait pas très professionnel, rigole Hassan Rhazi. Les enfants n’ont pas les mêmes barrières sociales que les adultes. » Désormdaais, le torréfacteur organise chaque vendredi une dégustation dans une nouvelle salle prévue à cet effet. « Une salle que des étudiants menuisiers du secondaire ont contribué à réaliser. »
Dans le futur, Hassan Rhazi espère que le projet pourra s’étendre à d’autres types d’institutions, notamment publiques. « Nous avonstesté le projet avec une banque alimentaire, une application de coaching, etc. Et nous travaillons déjà étroitement avec les hubs économiques de notre région. Mais nous aimerions clairement multiplier les partenariats avec ce type d’acteurs. »
Sans oublier que l’équipe du Choq compte bien profiter de la reconnaissance apportée par le coup de cœur du public au dernier prix de l’Innovation pédagogique de Paris pour développer son projet sur l’ensemble du territoire wallon. «Notre valise pédagogique va bientôt êtremise en ligne. Ce sera une sorte de e-valise qui permettra, par exemple, à un directeur d’école d’Arlon de lancer lui-même le projet dans sa région. Et nous serons bien sûr disponibles en tant que support », conclut Hassan Rhazi.